FOFO: Présentez-vous à nos lecteurs.
JOHN: Je m’apelle Abdoulaye Halidou Maïguizo alias John Sofakolé. Je suis né en 1957 à Dosso. Je suis artiste musicien depuis 1985.
FOFO: Parlez-nous de votre carrière.
JOHN: J’ai sorti ma première chanson ‘Sofakolé’ en 1989 lors du concours national de la musique moderne (prix Dangourmou). Avec cette chanson, j’ai remporté ce prix. Sofakolé était le géni qui habitait la marre de Dosso.
Je n’ai pas encore d’album mais j’ai une série de chanson. Après Sofakolé, j’ai sorti ‘Taboussizé’ (l’enfant de l’exodant) en 1994. En général mes textes parlent de la vie quotidienne et de l’histoire.
La même année je suis parti au festival de Jazz à Ouagadougou. En 1995 j’ai été au festival des Arts Africains en Cote D’ivoire où j’ai rencontré et échangé avec Alpha Blondy, Manu Dibango, Ticken Jah Fakoly, Habib Koïté, et Aïcha Koné.
En 1997 j’ai sorti ‘Kalleyzo’ (cousin à plaisanterie). En 1998 je suis parti au Japon par le biais de la Jica (coopération Japonaise) en collaboration avec le ministère de la culture.
L’objectif de ce voyage était d’aller me perfectionner en musique, en guitare, en harmonie afin de revenir et d’enseigner à mon tour toutes ces choses à mes frères artistes. J’ai fait un séjour d’un an. On m’a décerné le diplôme de langue et d’arrangeur.
A mon retour au pays j’ai été négligé par mon ministère de tutelle qui comme de coutume n’a pas honoré ses engagements.
Au Niger c’est quand l’artiste meurt qu’on lui reconnait son talent, sa valeur et c’est en ce moment qu’on lui jette des fleurs or ce n’est plus la peine.
En 2005 lors des 5ème jeux j’ai apporté quelques petits arrangements pendant les ateliers de musique.
J’ai aidé plusieurs artistes nigériens tels que Yacouba Moumouni, Fati Mariko, Moussa Poussy, Sani Aboussa, Djibo Fiti, Adams Junior, Z M, Sogha, etc.
FOFO: On ne vous voit sur scène ces dernières année. Vous avez arrété la musique?
JOHN: La COMINAK (compagnie minière d’Akouta) se trouvant dans le nord du Niger a signé avec moi un contrat de 3 ans pour que j’encadre leur groupe musical Guez Band. Ce contrat sera à terme à la fin de l’année 2011. A présent je m’apprête à revenir à Niamey pour m’occuper de moi-même et de ma carrière.
Certains pensent que j’ai abandonné, ignorant qu’on ne vieilli pas quand on fait de la musique parce que dès qu’on sort une nouveauté on a l’impression de rajeunir.
Aujourd’hui j’ai 3 albums sur papier. J’attends des collaborateurs pour les sortir. Je sollicite le coup de pouce des opérateurs économiques, des personnes qui me font confiance pour produire mon premier album.
FOFO: Que penses-tu de notre musique.
JOHN: Je crois à notre musique. C’est une musique qui est très riche. Elle n’est pas monotone, il y’a un grand brassage musical et rythmique. Le seul problème c’est que notre musique contient beaucoup de débris. Il suffit juste de bien tamiser pour la rendre raffinée.
Le blocage de la musique nigérienne vient du fait que jusqu’à aujourd’hui le nigérien n’a pas pris conscience de sa propre culture. Le ministère en charge de la culture n’a pas évolué depuis les années 60. Malheureusement il n’y a personne qui va se révolter et dire : ‘Tenez, j’ai été à l’étranger, j’ai vu comment ça se passe et je veux que l’état adopte la même politique’ mais non ils ne le font pas. Ils préfèrent toujours nous regarder nous les artistes comme des petits mendiants avec leurs assiettes en main. C’est ce regard qu’ils ont pour nous à chaque fois qu’un artiste entre dans ce ministère alors que nous sommes des cerveaux. C’est ce système qui est faux, sinon nous n’avons même pas exploité le quart de notre culture. Il faut une révolution de la culture Nigérienne.
FOFO: Un dernier mot?
JOHN: J’encourage les artistes à ne pas se décourager. Moi, je persiste pendant les durs moments parce que je me dis qu’il y’ a le bonheur à proximité.
dimanche 21 août 2011